Surmonter le réflexe du blâme

"C'est ta faute!" "Non, c'est toi qui…!" Vous avez déjà entendu ça? Si vous côtoyez le moindrement des enfants, vous avez probablement souvent entendu ces mots ou quelque chose du genre. Malheureusement, les enfants ne sont pas les seuls à se laisser entraîner dans cette dynamique du blâme. On dirait que nous n’arrivons pas à nous débarrasser de ce réflexe, et il se manifeste souvent aussi dans notre vie d’adulte. Lorsque les choses tournent mal, notre première réaction est souvent de rechercher le ou la coupable. Pourtant, à bien y penser, le blâme ne résout pas le problème, et rempire souvent la situation.

Alors pourquoi blâmons-nous ? C’est peut-être une habitude : c’est ainsi que les gens se parlent dans nos vies, et nous ne nous sommes jamais demandé si c’était une bonne chose. Ou c’est peut-être un mécanisme de défense : nous voulons nous assurer que quelqu’un d’autre soit blâmé plutôt que nous. Mais la raison la plus profonde, à mon avis, est que nous aimons les explications simples. Il est plus facile de trouver le coupable et de le punir que de comprendre toutes les raisons pour lesquelles les choses ont mal tourné. Et cette façon de penser tient souvent à la conviction que tout dans la vie peut être réduit à de simples explications de cause à effet.

Pourquoi c'est un problème? Parce que dans les interactions humaines, il n’y a pas de cause à effet simple. Bien sûr, il y a souvent quelqu’un qui a fait quelque chose de mal. Mais s’orienter sur la recherche du coupable garantit presque que le problème se reproduira encore et encore. La personne blâmée se met naturellement sur la défensive et en colère, ce qui l’empêche de voir ce qu’elle pourrait faire de mieux ou différemment. La personne qui blâme n’a pas de raison d’examiner son propre comportement, pour voir comment elle a pu contribuer au problème. Et ni l’un ni l’autre ne se penche sur la situation dans son ensemble et les systèmes ou la culture qui pourraient amener n’importe qui, dans les mêmes circonstances, à commettre la même erreur.

Alors qu'est-ce qu'on fait à la place ? Dans leur livre Comment mener les conversations difficiles, Stone, Patton et Heen recommandent de penser plutôt en termes de contribution. Lorsque nous prenons la perspective de la contribution, nous examinons tous les aspects de ce qui s’est passé et nous évitons chercher l’unique coupable. Cela permet à chacun et chacune d’explorer la manière dont il aurait pu, involontairement, contribuer au problème. Cela conduit à une conversation plus calme et plus ouverte. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura aucune conséquence en cas d’acte répréhensible. Mais cela devrait nous permettre de mieux comprendre et d’aboutir à des solutions efficaces et durables.

Alors la prochaine fois que vous serez tenté de dire : « Tout est de ta faute » ou « Tout est de ma faute », je vous encourage à faire une pause, à questionner, à décrire et à analyser : que s'est-il passé ? Quelles étaient les circonstances ? Qu’est-ce que chaque personne dans la situation savait, croyait ou comprenait ? Quels facteurs ont pu contribuer au problème ? Un petit avertissement : pour découvrir les vraies réponses à vos questions, vous devrez peut-être engager une conversation difficile avec l'autre personne. Mais si vous les approchez avec des questions plutôt que des accusations, vos chances de succès monteront en flèche.

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